Au bout du bout de l’Aven, quand ce dernier plonge définitivement dans la mer, quand la terre atteint sa limite, Port-Manec’h veille. On le découvre en descendant le fleuve ou la route. Passé une plage finalement anecdotique, derrière encore moult arbres et rochers, le port se fait discret.
“Port-Manec’h, plaque tournante des trafiquants de petits bonheurs.”
Le quai, unique, sert de parking. Le soleil tarde à se lever. Seul sous la lumière bleutée des lampadaires, je me sens écrasé par les habitations cossues qui grimpent sur la corniche. Les façades bourgeoises semblent bien vides en cette saison. Dans mon dos, la mer est calme et encore noire.

Au-dessus de l’eau, une fenêtre s’allume. Un ancien hôtel sert de port d’attache à des marins modernes, qui s’éparpillent de bon matin sur le continent ou même en mer quand le bateau fonctionne. J’en ai rencontré quelques uns. Sous leur bonnet et leur ciré couleur locale, ils vont et viennent au gré des vents de la vie, passant plus de temps dans leur utilitaire que dans leur salon.
Port-Manec’h, plaque tournante des trafiquants de petits bonheurs. On n’y reste pas longtemps mais on y revient toujours. Il y a de la place au chaud pour tous les routards dans ce hameau portuaire et pluvieux. On prend des nouvelles. On trinque aux absents. On parle du prochain départ.

Sans m’en rendre compte, je crois que moi aussi j’y ai posé quelques bagages en guise d’attaches. Je repars, évidemment, tout le monde repart et l’Agenais me manque. Mais je sais désormais que je retournerai me chauffer le cœur à Port-Manec’h dès que la solitude du voyageur me gagnera.
Un avis sur « Home Sweet Port-Manec’h »